Objectif : Evoquer les différents foyers de l’art géométrique dans l’Allemagne des années 20, dont il constitue l’un des plus importants développements esthétiques.
S’il s’enracine et se développe en Allemagne dans le courant des années 20, l’art géométrique est né dans d’autres pays d’Europe, dès avant 1915.
Par art géométrique, on entend
un art abstrait exclusivement composé de formes géométriques, diversement agencées sur la toile et s’appuyant sur la surface de la toile et non sur l’illusion de profondeur.
A partir de 1912, à Paris,
Frantisek Kupka et Delaunay crée l’
Orphisme, agencement de cercles de couleurs concentriques ou emboîtés. En France – puis en Hollande dès la déclaration de la guerre, le néerlandais
Piet Mondrian pose les fondations de son
néoplasticisme, qui se compose de carrés, également de couleur (limités bientôt aux seules couleurs primaires) et de lignes orthogonales. Dernier peintre pionnier de l’art géométrique, le Russe
Kazimir Malevitch, qui crée lui-aussi son propre style : le suprématisme, caractérisé par l’extrême dépouillement de la composition, en témoignent son œuvre-manifeste,
Carré noir sur fond blanc, puis, en 1918, le
Carré blanc sur fond blanc, œuvre limite qui sera aussi sa dernière.
Reprenant le flambeau, c’est son compatriote et ami
El Lissitzky qui fera connaître son œuvre en Occident et poursuivra les recherches entamées sur l’art géométrique. Lissitzky deviendra ainsi, avec le peintre hollandais
Théo van Doesburg, créateur avec
Mondrian du mouvement
De Stijl, un promoteur de l’art géométrique dans l’Allemagne des années 20, où il sera communément appelé constructivisme, du nom du mouvement qui, en URSS, a pris peu avant 1917 le relais du suprématisme. En effet, l’Allemagne sera une terre particulièrement propice au développement du constructivisme, en grande partie du fait de l’existence de nombreux artistes allemands ayant expérimenté l’art géométrique.
1. L’art géométrique allemand
Ainsi, alors que s’essouffle l’expressionnisme et que s’éteint le mouvement Dada, l’Allemagne s’ouvre à deux nouveaux courants :
• d’une part la Nouvelle Objectivité, qui s’attache à représenter le réel jusque dans ce qu’il a de plus sordide ;
• d’autre part le constructivisme, abstrait et apolitique, qu’on pourrait dès lors tenir pour l’exact opposé de la Nouvelle Objectivité.
Avant même que des artistes étrangers comme
El Lissitzky et
Théo van Doesburg n’investissent l’Allemagne, attirés par la fièvre créatrice qui anime le pays, des artistes
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